Les podcasts commencent à prendre de l’importance pour nous informer, et il y en a un en particulier qui nous intéresse. C’est « On Hair » – Le podcast qui fait parlé les cheveux – Lancé par Linda Chibani. Elle interview des femmes et des hommes d’horizons différents qui lui racontent leurs aventures capillaires, mais pas seulement. Aujourd’hui, Linda nous parle de son podcast, de Londres ou elle vit, de son aventure capillaire, elle est en pleine transition et nous raconte tout.

Pourquoi avoir créé ce Podcast ? – Pourquoi maintenant en janvier 2019

Parce que je suis une fidèle auditrice de podcasts, notamment de podcasts indépendants depuis plusieurs années. En voyant des “non-journalistes” créer leurs propres podcasts, je me suis dit “pourquoi pas moi !”. Le sujet du cheveu est venu par la suite, cela fait plusieurs années que je suis en réflexion sur mes cheveux, j’ai participé au site The Curl Talk project de Johanna Yaovi (que j’ai interviewé) alors que je commençais à ne plus lisser mes cheveux, j’ai aussi suivi de près le mouvement “Hrach is beautiful” qui est très similaire au mouvement “Nappy hair” mais qui s’adresse aux Maghrébins ayant les cheveux boucles, frises et crépus. Ma réflexion personnelle sur mon rapport à la beauté + mon intérêt pour le format audio me sont apparues comme une évidence. Ce format me correspond beaucoup, je le trouve intime, apaisant et sincère. Mes invite.es se confient en général assez facilement, et c’est exactement ce que je cherchais. Ce qui m’intéresse c’est finalement l’aspect sociologique et psychologique de notre rapport à nos cheveux. J’ai fait une recherche pour voir si un concept similaire existait, ce n’était pas le cas alors je me suis lancée.

©On Hair podcast

Est-ce que depuis la création de ce Podcast le rapport à vos cheveux a changé ?

Ma réflexion sur mes cheveux a commencé bien avant le podcast. Je réalisais que j’étais enfermée dans un diktat de beauté et cela correspondait de moins en moins à mes valeurs. Mais on ne change pas ses habitudes en appuyant sur un bouton, c’est plus compliqué. En tout cas ça l’a été pour moi. Car ce qui compte dans le fond c’est de se trouver belle/beau quand on se regarde dans le miroir mais quand on a été habitué de se voir d’une certaine façon, il n’est pas facile de changer rapidement. Le podcast a en effet été un booster dans ma réflexion capillaire. J’ai arrêté de lisser mes cheveux (avec un fer à lisser) avant le podcast, et après son lancement j’ai fini par arrêter aussi les lissages brésiliens. C’est un grand pas en avant pour moi.

A Paris on remarque le retour aux cheveux naturels qu’ils soient bouclés, frisés ou crépus. Qu’en est-il à Londres ou dans d’autres villes en Angleterre ?

A Londres aussi, il est à présent très courant de voir des femmes avec des cheveux naturels. A vrai dire, je croise très peu de femmes racisées avec les cheveux lissés (via la chaleur ou le port de perruques/extensions). La communauté noire à Londres par exemple, assume pleinement la texture de leurs cheveux et je pense même qu’elles sont en train de quitter la phase “politique et revendicatrice” du cheveu afro à simplement apprécier leurs cheveux. La vraie victoire c’est bien celle-ci. Le cheveu texturé doit être un cheveu parmi les autres. Maintenant je ne suis pas certaine que dans toutes les industries il est facile de travailler avec une boule afro par exemple. Il y a toujours cette volonté de “coiffer son cheveu” par des tresses par exemple. J’ajouterais que les femmes blanches Anglaises portent elles aussi pour beaucoup les cheveux bouclés qu’elles lissent au quotidien. De leur côté aussi il y a en ce moment une volonté de retrouver leurs boucles. Elles n’ont évidemment pas de background politique et historique derrière mais je trouve intéressant de le notifier.

Depuis combien de temps êtes-vous revenue aux cheveux naturels ?

Tout dépend de ce que l’on entend par “naturel ». J’ai cessé de me lisser les cheveux au cours de l’année 2015. Pendant près de 10 ans, je ne sortais qu’avec mes cheveux lisses, c’était devenu mon identité et porter mes cheveux aux naturels me semblait impossible. En 2014/15, je découvre Shera Kerienski sur YouTube qui encourage les jeunes femmes à assumer leurs cheveux texturés. C’était la première fois que je voyais une personne qui avait des cheveux similaires aux miens revendiquer et sublimer son type de cheveux. Ça a tout de suite eu un écho et je pense avoir entamé ma réflexion à ce moment-là. J’ai commencé à lire et à suivre le mouvement Nappy Hair qui avait commencé plus tôt, à me questionner d’un point de vue purement sociologique et historique et à me demander “Pourquoi toutes les femmes aux cheveux frises et crépus qui m’entourent s’infligent ces lissages à répétition ?” Je supportais de moins en moins l’idée de transformer mon cheveu pour être jolie.

Ma transition a mis des années car au-delà de ne plus se lisser les cheveux, il a surtout fallu que je comprenne mon cheveu, apprendre les techniques de coiffages afin de prendre soin de mes boucles et surtout accepter psychologiquement que je pouvais aussi être apprêtée et chic avec des cheveux texturés. J’ai continué à faire des lissages à la kératine pour “discipliner” mon volume jusqu’à il y a un an. J’ai réalisé que lisser ses cheveux avec de la chaleur ou faire un lissage brésilien était exactement la même chose, j’étais toujours à la recherche d’un idéal de beauté qui n’était pas le mien et qui ne correspondait plus à mes valeurs. Je suis donc en transition et je suis aujourd’hui ravie de voir mes racines et mes vrais cheveux pousser !

©Linda Chibani

Racontez-nous vos aventures capillaires en quelques phrases de votre enfance à votre retour au naturel

Au plus loin que je me souvienne, mon amie d’enfance et moi qui avions une texture de cheveux très similaire, comparions nos cheveux pour voir laquelle de nous deux avaient le cheveu le moins bouclé, nous avions 4 ans. Mais le passage à l’adolescence a été le plus douloureux. J’ai eu le droit a plusieurs surnoms dont “couffin” “mouton” “choux fleurs”, le surnom parait mignon mais être comparé à un légume n’est pas une chose facile pour l’adolescente que j’étais. Ça n’aide pas à apprécier ses cheveux. A l’âge de 12 ans je suis passée de cheveux très longs et bouclés à un carré court en imaginant que mes boucles allaient disparaître. En parallèle à la maison je voyais ma maman et les femmes en général constamment se lisser les cheveux. C’était le début des années 2000 et la mode était clairement d’avoir le cheveu lisse. Le manque de représentation de femmes Maghrébines étayant les cheveux frisés était flagrant. J’ai donc très souvent attaché mes cheveux jusqu’à l’arrivée des fers à lisser qui ont facilité le lissage des cheveux. J’ai passé 10 ans à constamment lisser mes cheveux, puis à faire des lissages brésiliens jusqu’à l’année dernière ou j’ai définitivement dit “stop” à tout processus chimique ou technique qui pouvait altérer et modifier la structure de mon cheveu.

Avez-vous fait le choix d’utiliser des produits capillaires naturels ? Est-il facile de trouver des produits capillaires naturels à Londres ?

J’ai commencé à faire attention aux compositions des produits dès que j’ai commencé à faire des lissages à la kératine. Une fois le lissage effectué, le Sodium Laureth Sulfate n’est pas conseillé afin de garder son lissage le plus longtemps possible. C’est donc à ce moment-là que j’ai commencé à m’intéresser aux compositions et à leurs méfaits. Aujourd’hui encore je continue à faire attention aux compositions.

Je trouve qu’il est plus facile de trouver des produits naturels en France. Nous n’avons pas l’équivalent d’Aroma-Zone par exemple et les choix en boutiques sont assez limités. J’achète une partie de mes produits en France.

Quel est votre routine capillaire ?

J’ai une routine assez minimaliste. Je lis et j’entends très souvent que laisser ses cheveux naturels prend beaucoup de temps d’entretien mais ce n’est pas mon cas. Je passais beaucoup plus de temps sur mes cheveux à l’époque où je les lissais par exemple. Voici ma routine :

Shampoing + masque (2 fois par semaine)

Coiffage et définition des boucles avec un leave-in et un gel de lin (quand je m’organise en amont pour le préparer)

Je laisse sécher mes cheveux à l’air libre.

Au quotidien, je mouille mes longueurs et pointes avec un spray d’eau et j’applique une petite noisette de mon leave-in car mes cheveux sont secs.

Quel est votre produit indispensable ?

Le gel de lin et crème d’avoine ont été une véritable révélation pour mes cheveux et pour la définition de mes boucles, je n’ai pas trouvé d’équivalent. Après je n’en fais pas non plus une obligation car cela demande un minimum de préparation. Je ne suis pas à la recherche de la boucle parfaite avec zéro frisottis cela dit. Passer au naturel signifie pour moi de ne plus porter d’injonction sur la façon dont je dois coiffer mes cheveux.

Quel rapport entretenez-vous avec vos boucles ?

Je suis encore en période de transition en ce moment, en un an mes racines ont poussé, mes vrais cheveux réapparaissent mais j’ai plusieurs textures sur la tête, tout n’est pas harmonieux je trouve. Même si esthétiquement parlant j’ai encore du chemin à faire, je suis contente aujourd’hui d’avoir accepté et d’être convaincue par ma décision, c’est un vrai soulagement. Découvrir mois après mois ma réelle texture est devenue un plaisir alors que c’était ma hantise il y a encore un an.

Une anecdote à nous raconter sur vos cheveux ?

Un été alors que j’avais 10 ans. Mes cheveux s’étaient gravement emmêlés. En quelques jours j’ai cumulé pas mal de nœuds et au moment de mon shampoing il était impossible de me les démêler. Ma grand-mère avait passé deux jours sur ma tête à les démêler pour ne pas les couper. Ça m’a traumatisée !

Merci Linda

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